Ce que l’après-confinement ne dit pas

07/07/2021
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Le déconfinement progressif était annoncé par le Président pour le 11 mai avec la réouverture de certaines entreprises et écoles. Mais que faut-il comprendre à cette période d’après ? comment l’exécutif entend gérer l’après-confinement et quelle stratégie suit-il ? Quelles zones de flou reste-t-il à définir ? Voilà ce que nous allons tenter de mettre à jour.

 

Aurons-nous suffisamment de tests le 11 mai pour permettre un dépistage massif ?

La première conviction forte du gouvernement est que pour déconfiner la population sans l’exposer à une deuxième vague de contamination, il faut dépister de façon massive les personnes contaminées. L’objectif est donc d’isoler les malades et aussi de tracer les contacts des cas infectés. 

Ce dépistage massif est la stratégie qu’a suivie la Corée du Sud et les résultats attestent de sa réussite puisque le pays n’a enregistré que 217 morts. Le flou persiste néanmoins encore sur le fait que la France aura suffisamment de tests pour toutes les personnes présentant des symptômes à partir du 11 mai. 

L’autre inconnue réside dans l’efficacité et l’accessibilité des tests. On a bien vu que dans de nombreux pays voisins et notamment l’Espagne, la faiblesse de fiabilité des tests avait desservi la stratégie de dépistage. Il faudra donc être surs de nos tests. 

La réussite du dépistage de la Corée à l’inverse repose sur la facilité de faire le test : il était fait en « drive » depuis sa voiture en quelques minutes. 

 

La mise en quarantaine des contaminés sera-t-elle suffisamment efficace ?

Une mise en quarantaine efficace des personnes contaminées suppose le respect de 2 principes :

  • L’isolation totale des cas identifiés

  • Le traçage des contacts des contaminés

Si le premier principe n’a pas été plus développé par le gouvernement, on comprend bien que dans les faits, isoler totalement une personne n’est pas si simple dans notre pays et qu’il faudra attendre de plus amples précisions à ce sujet. 

Quant au traçage des contacts, que préconisait déjà l’OMS fin février en Chine, c’est-à-dire la recherche active et exhaustive des personnes qui ont pu côtoyer le contaminé, il s’agit d’une entreprise de très grande ampleur. En Chine, dans la seule ville de Wuhan, cette recherche a nécessité 1800 équipes de 5 épidémiologistes qui ont tracé des milliers de contacts par jour. Comment imaginer mettre en œuvre une telle politique en France ? sur quelles ressources humaines et financières pourrait-elle s’appuyer ? Sans compter l’atteinte à de nombreuses libertés fondamentales que représenterait ce traçage : en Corée du Sud les déplacements des malades ont été reconstitués grâce à la vidéosurveillance, à leurs données bancaires, au bornage de leur téléphone etc… La France où la protection de la vie privée ne saurait être remise en cause pourrait-elle véritablement user des mêmes méthodes ?

 

Qu’est-ce que le déconfinement progressif signifie ?

Même si l’épidémie est plus ou moins maîtrisée d’ici au 11 mai, il y a fort à parier que la reprise d’une vie normale impliquant une véritable reprise économique sera elle aussi progressive.  Si les Français sont volontairement ou non suivis, « tracés » dans leur quotidien, auront-ils la même envie de sortir au restaurant, de partir en week-end… Si le chômage partiel leur a fait perdre 15% de leur salaire, continueront-ils à faire les boutiques, à réaliser un investissement immobilier, à partir en vacances ? les réponses à ces questions se feront sûrement attendre comme le retour à une vie normale.