Quand les rendements de l’Assurance vie en fonds euros, produit d’épargne préféré des Français, perdent tellement de leur attractivité, il faut s’interroger. Et si les contrats Perp et Madelin ne sont plus commercialisés depuis le 1er octobre, faut-il pour autant les bouder ? Que vaut le PER ? Voici toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur les meilleurs choix pour votre épargne.
L’assurance vie boudée
Il y a urgence à réinventer l’assurance vie et faire évoluer son fonds en euros pour le doper car la décollecte dépasse les 154 millions d’euros début 2021.
Le succès du PER individuel
en juin dernier, neuf mois après leurs lancements, 210.000 PERin avaient été souscrits. Plus souples, ils permettent, au choix de l’épargnant, une sortie en rente mais aussi à 100% en capital au moment de la retraite.
L’assurance vie multi support
Le taux de rendement en 2020 était de 0,5% à 2,6% et on attend entre 1% 1,10% en 2021 car la baisse continue des performances des fonds euros depuis plusieurs années se prolonge encore. Les experts pensent même que le taux devrait se stabiliser aux environs de 0,5 % d’ici 2 à 4 ans car le fonds euros coûte cher aux assureurs, obligés d’assurer sa liquidité à tout moment pour leurs clients tout en répondant aux exigences européennes de solvabilité.
Les assureurs incitent de plus en plus leurs clients à s’orienter vers les Unités de Compte plus risquées mais attention de bien respecter l’engagement de 5 ans car, sauf motif prévu par contrat pour une sortie exceptionnelle (invalidité, décès du conjoint, handicap…), vous perdez tout avantage si vous rachetez votre contrat avant l’échéance.
Il est aussi possible, dans un même contrat, de placer une partie des sommes en gestion libre et l’autre en gestion sous mandat.
En ce qui concerne la fiscalité en cas de retrait :
- Les gains correspondant aux primes versées avant le 27 septembre 2017 sont imposés, sur option, à un taux de 35% dans les 4 ans suivant l’ouverture du contrat, abaissé à 15% entre la 4ème et la 8ème année.
- Les gains correspondant aux primes versées après le 27 septembre 2017, même sur d’anciens contrats, sont soumis à un prélèvement forfaitaire au taux unique de 12,8%, dans les 8 premières années du contrat. Si le contrat a plus de 8 ans, les gains bénéficient d’un abattement de 4600 euros pour un célibataire et 9200 euros pour un couple. Ces abattements sont doublés, jusqu’à fin 2022, en cas de transfert dans l’année des sommes retirées vers un nouveau PER. Au-delà, les gains sont imposés au taux forfaitaire de 7,5%, tant que le détenteur n’a pas versé plus de 150 000 euros, nets de rachat, en assurance vie, tous contrats confondus (le double pour un couple). S’il franchit ce seuil, l’impôt est prélevé d’office, à un taux forfaitaire de 12,8%, sur les seuls gains issus de versements effectués, après le 27 septembre, et pour la part dépassant ce seuil de 150.000 euros.
Dans tous les cas, il reste possible d’opter pour une imposition au barème de l’impôt sur le revenu. S’ajoutent à cette imposition les 17,2% de cotisations sociales, prélevées tous les ans sur les intérêts du fonds euros et lors du retrait sur les UC. Même souscrits au travers de l’assurance vie, les SCPI et OPCI sont soumis à l’IFI, à hauteur de leur quote-part investie en immobilier au 31 décembre de l’année. Enfin, les gains générés par les primes versées en 2020, sur des contrats ouverts avant 1983, sont taxés à 7,5% (plus les prélèvements sociaux de 17,2%). Les autres intérêts restent exonérés d’impôts. En cas de sortie en rente, celle-ci est imposée à l’impôt sur le revenu sur une part de son montant dépendant de l’âge de déclenchement : 70% avant 50 ans, 50% entre 50 et 59 ans, 40% entre 60 et 69 ans, et 30% au-delà. En cas de décès, c’est l’âge du souscripteur lors des versements qui déterminera la fiscalité. Pour les sommes investies avant 70 ans, le capital est transmis sans droits de succession, dans la limite de 152500 euros par bénéficiaire. L’excédent est imposé à 20% ou à 31,25% dès 700.000 euros. Pour les cotisations après 70 ans, l’abattement atteint 30.500 euros, tous bénéficiaires confondus, et ne porte que sur les primes versées. Les gains, eux, sont exonérés.
Fonds Euro-croissance
Performance au titre de 2019 : 3% à 14,10%
Risque : nul à terme
Durée : 8 ans minimum
Avec 3,1 milliards d’encours seulement en 2019 (contre 2,5 milliards l’année précédente), le fonds Euro-croissance, créé en 2014, peine toujours à séduire les épargnants. Pourtant, grâce aux performances de la Bourse, il a affiché de très bonnes performances en 2019, toutes positives. Rappelons toutefois que ces fonds ne garantissent le capital, à hauteur de 80 à 100% selon les assureurs, qu’au bout de huit années minimum. Suite à l’adoption de la loi Pacte, les compagnies peuvent proposer de nouveaux fonds Euro-croissance depuis janvier 2020.
Principal atout pour les épargnants de ces Euro-croissance nouvelle formule, la communication d’une performance annuelle unique alors que, jusqu’ici, celles affichées ne correspondaient pas aux gains individuels effectivement empochés car variables en fonction de la date de souscription et d’échéance. L’objectif présenté est de porter l’encours de ce type de fonds à 20 milliards d’euros en 2022. Ceux-ci coexistent sans se substituer obligatoirement aux anciens fonds déjà existants, mais la loi permet un transfert de l’un vers l’autre.
Fiscalité : Identique à celle de l’assurance vie classique. Le transfert du capital d’un contrat traditionnel vers un Euro-croissance est possible sans perte d’antériorité fiscale, à condition de rester chez le même assureur, et qu’au moins 10% de l’encours du fonds euros de l’ancien contrat soient affectés à l’Euro-croissance.
Nouveaux PERin
Taux servis en 2019 : 1,10% à 3%
Risque : de nul à élevé
Durée : jusqu’à la retraite
Créés fin 2019, les nouveaux plans d’épargne retraite individuelle (PERin) figurent aujourd’hui au catalogue de la majorité des assureurs et des distributeurs. Il faut dire que ce nouveau produit, succédant au PERP et aux contrats Madelin qui ne peuvent plus être souscrits, a de quoi séduire, puisqu’il permet une sortie à 100% en capital au moment de la retraite, en une seule fois ou fractionné, cette dernière solution permettant l’étalement de la fiscalité (voir ci-après). Et si les sommes investies sont bloquées jusqu’à ce terme, la possibilité de récupérer son capital avant cela est autorisée en cas d’accident de la vie ou d’achat de sa résidence principale. Il est également de plus en plus souscrit par des parents au nom de leurs enfants, s’assurant ainsi que les sommes épargnées ne seront utilisées par leur progéniture que pour l’achat de leur logement, voire à l’échéance de leur future retraite.
Autre souplesse, le PERin permet aussi de transférer les sommes d’une compagnie à l’autre, à tout moment, pour des frais plafonnés à 1% dans les 5 premières années, nuls ensuite. Le talon d’Achille du PERin reste le montant, élevé, de ses frais, à l’exception de ceux distribués en ligne, comme le montre notre tableau. Toutefois, ces frais, en particulier ceux sur versement (de 1% généralement sur le marché), restent toujours négociables et peuvent souvent être réduits au moins de moitié, en particulier si vous êtes déjà client de l’assureur. A scruter également, les frais sur rente (ou sur arrérages de rente) si vous avez l’intention de ne pas récupérer votre capital, car ils viendront grever les sommes versées au moment de votre retraite.
Enfin, toutes les solutions proposent à la fois un fonds en euros et des UC en gestion à horizon où l’exposition au risque décroît automatiquement au fur et à mesure de l’approche de la retraite, sans exclure le choix d’une gestion libre.
Fiscalité : Par défaut, les versements volontaires sur un PERin sont déductibles du revenu imposable, dans la limite de 10% de celui-ci et de 32908 euros en 2021. Les travailleurs non salariés peuvent déduire, en plus, 15% du bénéfice imposable compris entre un et huit plafonds de la Sécurité sociale, soit un total maximum de 76.102 euros en 2021. A la retraite, en cas de sortie en rente, celle-ci sera alors soumise à l’impôt sur le revenu (IR), après un abattement de 10%. En cas de sortie en capital, les gains subiront les taxes sociales de 17,2 %, ainsi que l’IR via un prélèvement forfaitaire de 12,8% (soit un prélèvement forfaitaire unique de 30%), ou sur option au barème de l’IR. Le capital retiré, lui, sera soumis au barème de l’IR. En cas de sortie anticipée pour l’achat de sa résidence principale, le capital est soumis à l’IR seulement si les versements ont donné lieu à des déductions fiscales. Les gains, eux, sont soumis aux 17,2% de taxes sociales. Dans le cas d’un accident de la vie, la sortie anticipée est exonérée d’impôts, seuls les gains sont taxés à 17,2 % de prélèvements sociaux.
Perp
Taux servis en 2019 : 0,95% à 2%
Risque : de nul à élevé
Durée : jusqu’à la retraite
Les Perp ne sont plus commercialisés depuis le 1er octobre 2020, tout comme les anciennes formules proposées par Préfon. Toutefois, les détenteurs d’un contrat avant cette date peuvent toujours y faire des versements. Mais basculer son Perp vers un PERin est l’occasion de profiter de la nouvelle règle qui permet une sortie en capital à l’échéance du contrat, au moment de la retraite. Prudence toutefois, cette migration peut entraîner des frais qui peuvent atteindre un maximum de 5% si le contrat a moins de dix ans. Vous pourrez aussi perdre certains avantages inhérents à votre produit, en particulier une table de mortalité avantageuse. Avant de décider un transfert, un bilan s’impose et la négociation des frais doit également en faire partie.
Mais pour beaucoup d’épargnants, la question ne se posera pas car, pour ces contrats associatifs, il suffit d’une décision de l’assemblée générale de l’association d’épargnants pour décider d’un transfert unilatéral.
Fiscalité : Identique à celle du PER pour les versements volontaires déductibles. En cas de sortie à 20% en capital, il est possible d’opter pour une imposition forfaitaire de 7,5%.
Contrats Madelin
Taux servis en 2019 : 1% à 2,70%
Risque : de nul à élevé
Durée : jusqu’à la retraite
Comme les Perp, ils ne sont plus commercialisés depuis le 1er octobre 2020, ce qui ne vous exonère pas de l’obligation de versement si vous en possédez un. Ce sont, là aussi, des contrats associatifs où une décision unilatérale en assemblée générale peut vous forcer à migrer vers le PERin de l’assureur qui gère votre contrat. Dans tous les cas, il s’agit de peser les avantages comparés avec un PERin, qui permet, lui, une sortie à 100% en capital au moment de la retraite. Une option que n’autorise pas le Madelin qui, contrairement au PERP, ne permet même pas de récupérer jusqu’à 20% des sommes à cette échéance. Seuls les «petits» contrats, à l’encours faible, permettent de tout récupérer à la condition que vos droits à rente ne dépassent pas 40 euros au moment de la retraite.
Fiscalité : Identique à celle du PER pour les versements volontaires déductibles. Il est possible de déduire, en plus, 15% de la fraction du bénéfice comprise entre un et huit fois le plafond de la Sécurité sociale, soit un maximum de 76.073 euros. La rente est soumise à l’impôt sur le revenu après 10% d’abattement.